mercredi 2 janvier 2008

Mobilisation exceptionnelle de la diaspora à Bruxelles: «Partir comme Abdou Diouf ou partir comme Mobutu : Paul Biya doit choisir»

La mobilisation des camerounais de la diaspora à Bruxelles, capitale du Royaume de Belgique et de l’Union Européenne, les 9 et 10 décembre 2003 aura été exceptionnelle.

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A l'appel du Conseil National de la Résistance / Mouvement Um Nyobiste (CNR/MUN), de la Ligue Camerounaise des Droits d’Homme et de Ligue belgo-africaine pour le rétablissement en Afrique des libertés fondamentales (LIBERAL) les patriotes camerounais sont venus de toute l'Europe afin d'adresser un message fort à la communauté internationale quant aux risques d'implosion que court ce pays d'Afrique Centrale. L’initiative en elle-même exceptionnelle car même si des organisations camerounaises existent à l’étranger c’est la première fois qu’elles se mettent ensemble pour s’exprimer d’une même voix sur la situation politique à l’intérieur du pays. Cette mobilisation qui est une étape de la vaste campagne internationale pour la démocratie au Cameroun initiée depuis le forum de Hambourg d’août 2003 par le Conseil National de la Résistance a connu la participation de diverses organisations, personnalités et citoyens camerounais vivant en Europe. On notait la présence remarquée de Madame Augusta Epanya, militante nationaliste ancienne dirigeante de l’Union nationale des Etudiants Kamerounais (UNEK), du professeur Kapet de Bana Président de la Ligue Camerounaise des Droits de l’Homme, de Me Jean de Dieu Momo avocat des familles dans l’affaire des « 9 disparus de Bépanda » de Monsieur Guy Simon Ngakam Président de Libéral et de Monsieur Guillaume Tene Sop porte parole du Conseil Nationale de la Résistance qui a initié cette campagne. Les camerounais venus de France, d’Allemagne, de Grande Bretagne, de Suisse, de Hollande, de Luxembourg, de Belgique etc…ont eu deux journées pleines de travaux dont les résolutions sont assez éloquentes. La première journée, celle du 9 décembre a été marquée dans la matinée par l’assemblée constitutive du Conseil national de la Résistance et surtout en soirée par la grande conférence publique tenu au Centre Culturel Garcia Lorca à 1000 Bruxelles. Le panel d’intervenants était très alléchant et les camerounais et les représentants des partis politiques belges qui ont pris part ne s’y sont pas trompés. L’honneur est revenu à Mme Augusta Epanya d’ouvrir les débats. Elle a situé les origines de la crise camerounaise en montrant qu’il était important de bien comprendre cette crise pour s’atteler à mieux la résoudre. Dans un exposé limite et fort illustré Madame Epanya a cité l’origine de la crise camerounaise dans le rupture historique intervenue en 1955 par l’interdiction par le pouvoir colonial de l’Union des Populations du Cameroun. Selon elle, cette déchirure a empêché le peuple camerounais de se libérer au moment de la cession à l’indépendance. Elle note que l’indépendance a ensuite été gérée par ceux qui la réclamaient le moins ou ne la réclamaient pas du tout. Madame Epanya a situé la responsabilité de l’aggravation de cette crise dans les régimes néo-coloniaux de A. Ahidjo et de P. Biya qui se sont succédés au pouvoir depuis l’indépendance. Selon elle, il s’agit de véritables régimes de tyrannie ne pouvant s’accommoder d’une expression démocratique libre comme l’illustre les mascarades électorales à répétition du régime actuel de Paul Biya malgré l’acceptation forcée d’un multipartisme de façade. «Le chasseur de généraux» fait pleurer la diaspora Me Momo désormais baptisé « chasseur de généraux » en raison de son activisme dans la défense des victimes du Commandement Opérationnel face à la hiérarchie militaire a ému l’assistance par son récit poignant de l’Etat de non droit qui règne au Cameroun. Une très forte émotion s’est emparée de l’assistance lorsque Me Momo a présenté des diaporama sur les victimes du Commandement Opérationnel dans la ville de Douala. L’émotion était tout simplement insoutenable… «Partir comme Diouf ou Mobutu, Biya doit choisir» Mr Guillaume Tene Sop porte parole du CNR a abordé l’actualité avec la question de la candidature unique de l’opposition à l’élection présidentielle de 2004. Revenant sur le gradient de fraudes ayant marqué les élections depuis 1992, il a fait la démonstration que le véritable problème des élections au Cameroun se situe, non pas dans la question de la candidature unique, mais réside dans la volonté délibérée du régime de Biya de ne pas admettre les conditions d’une élection libre et transparente. Il a insisté sur le risque d’embrasement que fait peser sur le Cameroun la volonté de P. Biya de perpétrer un nouveau « hold-up » électoral en 2004. Il a appelé les patriotes camerounais à se rassembler afin de contraindre le régime de Paul Biya à une élection transparente notamment avec une Commission Electorale Nationale Indépendante chargée de l’organisation de l’ensemble du scrutin, un scrutin majoritaire à deux tours, le droit de vote des camerounais de l’étranger etc... Mr Tene Sop a appelé les forces patriotiques de la diaspora à se tenir mobilisées pour mettre fin en 2004 à la tyrannie néocoloniale de Paul Biya. Les forces progressistes doivent être prêtes à se tenir aux cotés du peuple décidé à mettre fin au 22 ans de règne calamiteux de Paul Biya : « partir comme Diouf ou comme Mobutu, Biya doit choisir en 2004 » a-t-il conclu. Leçons d’histoire du professeur Kapet de Bana C’est à une véritable leçon d’histoire que l’assistance a eu droit de la part du professeur Kapet de Bana. Il a rappelé le rôle primordial des diasporas dans les luttes de libération. Le Pr Kapet de Bana est revenu sur le rôle éminemment avant-gardiste joué par la diaspora camerounaise au moment de la lutte contre le colonialisme. Il a rappelé qu’à cette époque de braise, Mr Bya alors étudiant dans l’une des officines néocoloniales en France (Haute Ecole de l’Outre Mer) avait déclaré aux camerounais réunis à Paris pour réclamer l’indépendance qu’en tant qu’étudiant dans une école d’administration il ne pouvait pas se mêler de politique. Le Pr Kapet a montré que le rôle de la diaspora a été déterminant en Afrique et ailleurs. Il a invité la diaspora à se saisir de ces exemples afin d’aider le peuple camerounais à abréger ses souffrances en 2004 par le départ inéluctable du régime catastrophique de Paul Biya. L’absence regrettée du Docteur Abel Eyinga Pour des raisons de santé, Dr Abel Eyinga n’a pas pu être présent à Bruxelles. Son message qui a été délivré a cependant été au centre de toutes les préoccupations tellement il était touchant. Pour le Dr Abel Eyinga, la lutte actuelle est une continuité de la lutte historique de libération entamée par Ruben Um Nyobe avant la pseudo indépendance. Cette lutte passe par le départ inéluctable de Paul Biya du pouvoir en 2004 afin de permettre aux camerounais d’entamer la reconstruction du pays. Le message d’encouragement du Dr Siméon KUISSU a également été présenté à l’assistance. La couardise de l’Ambassade du Cameroun à Bruxelles La journée du 10 décembre a été marquée par les manifestations publiques et la remise d’un mémorandum à la Commission de l’Union Européenne à Bruxelles. La première étape a été la manifestation devant le siège des institutions européennes. Malgré le froid de ce début d’hiver, les patriotes camerounais de la diaspora se sont rendus nombreux à la Commission Européenne. Deux heures durant, ils ont manifesté sous le regard étonné des belges qui se demandaient d’où ils tiraient de telles ressources pour ainsi braver le froid. Le mémorandum du collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora né au cours de cette rencontre de Bruxelles a été remis à la Commission de l’Union Européenne. Des exemplaires ont également été acheminés vers les parlements nationaux des Etats de l’Union Européenne où les camerounais de la diaspora seront bientôt reçus. Alors que la caravane des manifestants arrive à l’Ambassade du Cameroun, elle découvre avec ahurissement un avis signé de Madame l’Ambassadrice Isabelle Bassong, indiquant que « l’Ambassade est fermée ce mercredi 10 décembre 2003 pour cause de travaux ». Tous s’étonnent de ce que ce jour a été le seul choisi pour « faire des travaux à l’Ambassade » alors que Madame l’Ambassadrice avait reçu un avis de la manifestation. Il s’avère qu’après avoir essayé de corrompre les organisateurs pour qu’ils annulent la manifestation, après avoir tenté vainement de faire interdire la manifestation par la police belge comme cela se passe dans le Cameroun de Paul Biya et prise de peur après les échos qu’elle a reçus de la conférence par les deux espions formellement identifiés qu’elle y avait délégués, Madame Bassong a simplement supplié la hiérarchie à Yaoundé pour obtenir de fermer l’Ambassade ce jour là. Pour les patriotes camerounais, la couardise Ambassade du Cameroun à Bruxelles est simplement un signe avant-coureur, il est annonciateur de la fuite du régime Biya lorsque les patriotes déferleront sur Etoudi. Les résolutions clefs de Bruxelles Les organisations et patriotes camerounais réunis à Bruxelles ont convenu de créer un cadre de lutte fédérateur ouvert à tous ceux qui veulent l’instauration de la démocratie au Cameroun. Ainsi, un collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora a été créé. Un comité de suivi de la campagne d’action pour la démocratie au Cameroun a été mis sur pied afin de mobiliser les forces de l’intérieur et de l’extérieur sur la plate-forme minimale autour des conditions d’une élection présidentielle transparente en 2004 au Cameroun : l’instauration d’une Commission Electorale Nationale indépendante en lieu et place de l’ONEL, un scrutin majoritaire à deux tours, le droit de vote des camerounais de l’étranger. Les organisations ont pris l’engagement de se tenir aux cotés du peuple camerounais pour obtenir en 2004 la fin du régime Biya. Elles ont convenu de la prochaine étape de cette caravane qui aura lieu à Paris les 14 et 15 février 2004.

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