jeudi 3 janvier 2008

ET SI LE CAMEROUN SUIVAIT LA ROUTE DE LA COTE D'IVOIRE?

Le Cameroun est-il en train de suivre la route de la Cote-d´ivoire Houphouet a fait 40 ans de pouvoir. 40 ans de controlle total qui ont conduit a un paternalisme dangereux. En effet, Houphouet mort, le peuple Ivoirien n´a pas su se définir une nouvelle perspective. Il est clair que Biya n´est pas pret à quitter le pouvoir au Cameroun: teignant ses cheveux et semblant plus jeune que jamais, ´l´homme lion´ dirige d´une main de fer un pays dont l´avenir est des plus incertain. Qui assumera l´après Biya? Comment peut on eviter de finir comme la Cote-d´ivoire?

PAUL BIYA UN HOMME RICHE?

Le président Paul Biya du Cameroun est-il un homme riche ?
Malgré les 650 millions de francs cfa dépensés en 48 heures à Londres, son nom ne figure point dans le palmarès de Transparency International
jeudi 8 juillet 2004 Charles Atangana(AEM) London -UK

Transparency International vient de publier son rapport sur les grandes fortunes du monde. Curieusement, le nom de Paul BIYA du Cameroun n’y figure pas. S’agit-il d’un oubli stratégique à la veille de l’ élection présidentielle à haut risque ou plutôt d’une complicité avec TI ?
Le Cameroun est certes parmi les pays dont, semble-t-il, " les autorités font le moins d’efforts possible pour lutter contre la corruption". Et l’ on se rappelle encore ce classement de Transparency International qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive au Cameroun et sur la scène internationale. Le Cameroun avait alors été classé premier pays au monde à ne pas vouloir s’impliquer réellement dans cette forme de lutte. Et cette année-là, le Cameroun se rangeait largement devant le géant de l’Afrique qu’est le Nigéria en matiere de corruption. Suite au rapport de Transparency International, le gouvernement de Yaoundé a finalement été obligé et contraint de mettre sur pied une stratégie nationale de lutte contre la corruption et aussi contre le grand banditisme financier.
Mais celle-ci a plutôt du mal à prendre son envol à cause des lourdeurs administratives et des grandes poches de résistances que l’on rencontre au niveau de l’administration.
Cette campagne est devenue le lietmotiv de la branche camerounaise de Transparency international au sein de laquelle trône l’ ancien bâtonnier, Me Akere Muna. Pour ce dernier," le jour où les autorités camerouaise vont mettre en pratique l’une des dispositions de la constitution qui demande aux membres du gouvernement et aux personnes publiques de déclarer leur fortune avant de prendre en charge leurs fonctions, le Cameroun sera très en avancé sur les autres pays pour lutter contre la corruption".
Cette année, Transparency International a publié un rapport sur les grandes fortunes ( cf l’ article de Jossart Muanza, "Le Top 10 des plus corrompus") un texte dans lequel le nom du chef de l`Etat camerounais ne figure pas. Alors même que certains opposants au régime en place à Yaoundé basés à Londres s’indignent et s’offusquent même par le fait que le président Biya, qui a été l’invité de la Reine d’Angleterre et qui a été pris en charge par le gouvernement, a du dépenser une somme de plus de 650 millions de francs cfa en 48h ! Et dans cet hôtel de la ville, la délégation camerouaise qui devait occuper 10 chambres aux frais de la reine en a demandé un surplus de 33.
Ce qui indigne, c’ est le fait qu’ un chef de l’ Etat d’ un pays que l’ on dit aujourd’hui pauvre et surendetté vienne pour une visite officielle et demande que l’ on augmente le nombre de chambres mises à sa disposition. Et ce, alors qu’ au pays les gens ne mangent plus à leur faim.
Alors comment comprendre cette situation ? Certes, reconnait-on dans la communauté ici à Londres que Paul Biya , en sa qaulité de chef de l’ Etat , a pleinement droit à ces avantages et autres. Mais ce qui choque, c’ est le fait que dle Président de la république et sa suite se permettent de "dilapider" autant d’argent pendant que certaines personnes meurent de faim au pays.

Comment comprendre, par ailleurs, que l’ on vienne demander un pret et que l’on montre en même temps que l’on est plutôt aisé ? Cet argent que le chef de l’Etat et sa suite ont dépensé en 48 heures à Londres aurait pu, selon les explications de certains opposants, "servir à construire des écoles dans les zones les plus réculées du pays".
Il est de notoriété publique que le Présdient Paul BIYA est actif dans le secteur de l’agro-industrie et de l’agro-alimentaire. Il est vrai et reconnu qu’il est également propriétaire de certains immeubles et villas en Europe. La valeur de ces biens, pense-t-on, "devrait aussi être calculée et prise en compte, comme ceux dont disposent d’autres chefs d’Etat africains à l’étranger".
Il est donc clair que Paul Biya n’est pas aussi pauvre que l’on peut le croire. Mais "ce rapport de Transparency International a certainement quelque chose de curieux dans la mesure où le nom du chef de l’Etat camerounais n`y figure pas" estiment de nombreux observateurs du côté de Londres.

Le Cameroun, on le sait, doit organiser les élections présidentielles d’ici octobre 2004. Les autorités de ce pays ne veulent certainement plus que le nom de Paul Biya apparaisse dans des rapports qu`elles qualifient le plus souvent de "fantaisistes et orientées". Tel est donc l’ image que certains milieux proches du pouvoir à Yaoundé ont des rapports publiés par Transparency International et ce malgré l’existence sur place d’une branche de cette institution.
Avec quelque 5 milliards de dollars détournés, l’ancien dictateur Mobutu Sese Seko de l’Ex-Zaïre(RDC aujourd’hui) occupe la 3e position dans le top 10 des dirigeants les plus corrompus de la planète, selon un rapport publié à Londres par la Transparency International, une organisation anti-corruption. Parmi les autres noms des leaders africains cités, on retrouve celui de Sani Abacha du Nigéria(1993-1998), 4e, avec 2 à 5 milliards de dollars détournés.
Les abus de pouvoir politique à des fins personnelles privent les plus démunis de services publics vitaux, créant un désespoir qui alimente les conflits et la violence, explique le président de l’organisation, Peter Eigen. "Mais ils ont également des conséquences sur le porte-monnaie des contribuables et des actionnaires dans le monde entier. Ce problème doit être réglé au niveau national et international" (POUR D’AUTRES DETAILS, CLIQUEZ ICI).
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Détournements de fonds au Ministere de l'education Nationale

D"Fonds de solidarité de l’Éducation: Plus de Fcfa 300 millions détournés au Ministère de l’Education Nationale

Le séminaire national sur la gestion des établissements scolaires publics qui s'est tenu à Kribi au sud du Cameroun les 3, 4 et 5 avril 2000 a permis de découvrir une sérieuse défaillance financière au ministère de l'Éducation nationale. Le fonds de solidarité de l'Éducation a été détourné de son objectif par les responsables de cette institution.

En effet, la création du fonds de solidarité de l'Éducation est l'une des résolutions des états généraux de l'Éducation tenus en mai 95 au Cameroun. Ce fonds devait permettre à l'État camerounais de financer l'enseignement de base qui allait devenir gratuite. Dès 1997, une caisse a été mise en place pour collecter cet argent qui représente les 5% de la contribution exigible versée au début de chaque année scolaire par tous les élèves de l'enseignement primaire et secondaire, général et technique du Cameroun. Sur la base d'un total de 2.620.000 élèves qui fréquentent ces ordres d'enseignement, et en considérant que les frais exigibles s'élèvent à Fcfa 1.500 (école primaire), Fcfa 7.500 (CES), Fcfa 10.000 (lycées et CET), et 15.000 (lycée technique), un simple calcul renvoie à plus de Fcfa 300 millions qui ont ainsi été distraits.

Au cours des discussions dans l'atelier qui devait entre autres choses réfléchir sur le financement de l'école primaire dont la gratuité avait été annoncée par le Chef de l'État en février 2000, des propositions parmi lesquelles celle de l'utilisation du fonds de solidarité ont été émises. Mais cette suggestion a été à chaque fois renvoyée. Des participants ont insisté là-dessus et finalement une discussion s 'est engagée sur le sujet. Et pendant que certains s'égosillaient à expliquer aux autres que selon le rapport des états généraux ce sont d'abord les cotisations de l'enseignement secondaire qui devaient financer le primaire, le directeur des ressources financières et des projets du Mineduc a tranché le débat en disant qu'il n'y a plus rien dans les caisses du fonds de solidarité. Et pendant qu'on y était, un participant a affirmé que cette prescription n'existe pas dans la loi d'orientation de l'Éducation promulguée en 1998. C'est alors qu'un coup d'oeil a été jeté sur

cette loi pour constater que certaines consignes des états généraux n'y figuraient pas.

A la vérité, on s'est rendu compte que les responsables qui ont défendu ce projet de loi à l'Assemblée nationale ont expressément omis de faire figurer la partie qui concernait le fonds de solidarité de l'Éducation. Sans doute, soit parce que cet argent avait déjà été détourné, soit parce qu'ils avaient en projet de le détourner. Toujours est-il que l'argent au moment où il fallait l'utiliser n'était pas disponible et on ne sait à quelle fin il a été employé. Aucune enquête n'a été ouverte à ce sujet. On a tiré un trait sur ce problème comme si cette caisse ne servait à rien.

mercredi 2 janvier 2008

Mobilisation exceptionnelle de la diaspora à Bruxelles: «Partir comme Abdou Diouf ou partir comme Mobutu : Paul Biya doit choisir»

La mobilisation des camerounais de la diaspora à Bruxelles, capitale du Royaume de Belgique et de l’Union Européenne, les 9 et 10 décembre 2003 aura été exceptionnelle.

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A l'appel du Conseil National de la Résistance / Mouvement Um Nyobiste (CNR/MUN), de la Ligue Camerounaise des Droits d’Homme et de Ligue belgo-africaine pour le rétablissement en Afrique des libertés fondamentales (LIBERAL) les patriotes camerounais sont venus de toute l'Europe afin d'adresser un message fort à la communauté internationale quant aux risques d'implosion que court ce pays d'Afrique Centrale. L’initiative en elle-même exceptionnelle car même si des organisations camerounaises existent à l’étranger c’est la première fois qu’elles se mettent ensemble pour s’exprimer d’une même voix sur la situation politique à l’intérieur du pays. Cette mobilisation qui est une étape de la vaste campagne internationale pour la démocratie au Cameroun initiée depuis le forum de Hambourg d’août 2003 par le Conseil National de la Résistance a connu la participation de diverses organisations, personnalités et citoyens camerounais vivant en Europe. On notait la présence remarquée de Madame Augusta Epanya, militante nationaliste ancienne dirigeante de l’Union nationale des Etudiants Kamerounais (UNEK), du professeur Kapet de Bana Président de la Ligue Camerounaise des Droits de l’Homme, de Me Jean de Dieu Momo avocat des familles dans l’affaire des « 9 disparus de Bépanda » de Monsieur Guy Simon Ngakam Président de Libéral et de Monsieur Guillaume Tene Sop porte parole du Conseil Nationale de la Résistance qui a initié cette campagne. Les camerounais venus de France, d’Allemagne, de Grande Bretagne, de Suisse, de Hollande, de Luxembourg, de Belgique etc…ont eu deux journées pleines de travaux dont les résolutions sont assez éloquentes. La première journée, celle du 9 décembre a été marquée dans la matinée par l’assemblée constitutive du Conseil national de la Résistance et surtout en soirée par la grande conférence publique tenu au Centre Culturel Garcia Lorca à 1000 Bruxelles. Le panel d’intervenants était très alléchant et les camerounais et les représentants des partis politiques belges qui ont pris part ne s’y sont pas trompés. L’honneur est revenu à Mme Augusta Epanya d’ouvrir les débats. Elle a situé les origines de la crise camerounaise en montrant qu’il était important de bien comprendre cette crise pour s’atteler à mieux la résoudre. Dans un exposé limite et fort illustré Madame Epanya a cité l’origine de la crise camerounaise dans le rupture historique intervenue en 1955 par l’interdiction par le pouvoir colonial de l’Union des Populations du Cameroun. Selon elle, cette déchirure a empêché le peuple camerounais de se libérer au moment de la cession à l’indépendance. Elle note que l’indépendance a ensuite été gérée par ceux qui la réclamaient le moins ou ne la réclamaient pas du tout. Madame Epanya a situé la responsabilité de l’aggravation de cette crise dans les régimes néo-coloniaux de A. Ahidjo et de P. Biya qui se sont succédés au pouvoir depuis l’indépendance. Selon elle, il s’agit de véritables régimes de tyrannie ne pouvant s’accommoder d’une expression démocratique libre comme l’illustre les mascarades électorales à répétition du régime actuel de Paul Biya malgré l’acceptation forcée d’un multipartisme de façade. «Le chasseur de généraux» fait pleurer la diaspora Me Momo désormais baptisé « chasseur de généraux » en raison de son activisme dans la défense des victimes du Commandement Opérationnel face à la hiérarchie militaire a ému l’assistance par son récit poignant de l’Etat de non droit qui règne au Cameroun. Une très forte émotion s’est emparée de l’assistance lorsque Me Momo a présenté des diaporama sur les victimes du Commandement Opérationnel dans la ville de Douala. L’émotion était tout simplement insoutenable… «Partir comme Diouf ou Mobutu, Biya doit choisir» Mr Guillaume Tene Sop porte parole du CNR a abordé l’actualité avec la question de la candidature unique de l’opposition à l’élection présidentielle de 2004. Revenant sur le gradient de fraudes ayant marqué les élections depuis 1992, il a fait la démonstration que le véritable problème des élections au Cameroun se situe, non pas dans la question de la candidature unique, mais réside dans la volonté délibérée du régime de Biya de ne pas admettre les conditions d’une élection libre et transparente. Il a insisté sur le risque d’embrasement que fait peser sur le Cameroun la volonté de P. Biya de perpétrer un nouveau « hold-up » électoral en 2004. Il a appelé les patriotes camerounais à se rassembler afin de contraindre le régime de Paul Biya à une élection transparente notamment avec une Commission Electorale Nationale Indépendante chargée de l’organisation de l’ensemble du scrutin, un scrutin majoritaire à deux tours, le droit de vote des camerounais de l’étranger etc... Mr Tene Sop a appelé les forces patriotiques de la diaspora à se tenir mobilisées pour mettre fin en 2004 à la tyrannie néocoloniale de Paul Biya. Les forces progressistes doivent être prêtes à se tenir aux cotés du peuple décidé à mettre fin au 22 ans de règne calamiteux de Paul Biya : « partir comme Diouf ou comme Mobutu, Biya doit choisir en 2004 » a-t-il conclu. Leçons d’histoire du professeur Kapet de Bana C’est à une véritable leçon d’histoire que l’assistance a eu droit de la part du professeur Kapet de Bana. Il a rappelé le rôle primordial des diasporas dans les luttes de libération. Le Pr Kapet de Bana est revenu sur le rôle éminemment avant-gardiste joué par la diaspora camerounaise au moment de la lutte contre le colonialisme. Il a rappelé qu’à cette époque de braise, Mr Bya alors étudiant dans l’une des officines néocoloniales en France (Haute Ecole de l’Outre Mer) avait déclaré aux camerounais réunis à Paris pour réclamer l’indépendance qu’en tant qu’étudiant dans une école d’administration il ne pouvait pas se mêler de politique. Le Pr Kapet a montré que le rôle de la diaspora a été déterminant en Afrique et ailleurs. Il a invité la diaspora à se saisir de ces exemples afin d’aider le peuple camerounais à abréger ses souffrances en 2004 par le départ inéluctable du régime catastrophique de Paul Biya. L’absence regrettée du Docteur Abel Eyinga Pour des raisons de santé, Dr Abel Eyinga n’a pas pu être présent à Bruxelles. Son message qui a été délivré a cependant été au centre de toutes les préoccupations tellement il était touchant. Pour le Dr Abel Eyinga, la lutte actuelle est une continuité de la lutte historique de libération entamée par Ruben Um Nyobe avant la pseudo indépendance. Cette lutte passe par le départ inéluctable de Paul Biya du pouvoir en 2004 afin de permettre aux camerounais d’entamer la reconstruction du pays. Le message d’encouragement du Dr Siméon KUISSU a également été présenté à l’assistance. La couardise de l’Ambassade du Cameroun à Bruxelles La journée du 10 décembre a été marquée par les manifestations publiques et la remise d’un mémorandum à la Commission de l’Union Européenne à Bruxelles. La première étape a été la manifestation devant le siège des institutions européennes. Malgré le froid de ce début d’hiver, les patriotes camerounais de la diaspora se sont rendus nombreux à la Commission Européenne. Deux heures durant, ils ont manifesté sous le regard étonné des belges qui se demandaient d’où ils tiraient de telles ressources pour ainsi braver le froid. Le mémorandum du collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora né au cours de cette rencontre de Bruxelles a été remis à la Commission de l’Union Européenne. Des exemplaires ont également été acheminés vers les parlements nationaux des Etats de l’Union Européenne où les camerounais de la diaspora seront bientôt reçus. Alors que la caravane des manifestants arrive à l’Ambassade du Cameroun, elle découvre avec ahurissement un avis signé de Madame l’Ambassadrice Isabelle Bassong, indiquant que « l’Ambassade est fermée ce mercredi 10 décembre 2003 pour cause de travaux ». Tous s’étonnent de ce que ce jour a été le seul choisi pour « faire des travaux à l’Ambassade » alors que Madame l’Ambassadrice avait reçu un avis de la manifestation. Il s’avère qu’après avoir essayé de corrompre les organisateurs pour qu’ils annulent la manifestation, après avoir tenté vainement de faire interdire la manifestation par la police belge comme cela se passe dans le Cameroun de Paul Biya et prise de peur après les échos qu’elle a reçus de la conférence par les deux espions formellement identifiés qu’elle y avait délégués, Madame Bassong a simplement supplié la hiérarchie à Yaoundé pour obtenir de fermer l’Ambassade ce jour là. Pour les patriotes camerounais, la couardise Ambassade du Cameroun à Bruxelles est simplement un signe avant-coureur, il est annonciateur de la fuite du régime Biya lorsque les patriotes déferleront sur Etoudi. Les résolutions clefs de Bruxelles Les organisations et patriotes camerounais réunis à Bruxelles ont convenu de créer un cadre de lutte fédérateur ouvert à tous ceux qui veulent l’instauration de la démocratie au Cameroun. Ainsi, un collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora a été créé. Un comité de suivi de la campagne d’action pour la démocratie au Cameroun a été mis sur pied afin de mobiliser les forces de l’intérieur et de l’extérieur sur la plate-forme minimale autour des conditions d’une élection présidentielle transparente en 2004 au Cameroun : l’instauration d’une Commission Electorale Nationale indépendante en lieu et place de l’ONEL, un scrutin majoritaire à deux tours, le droit de vote des camerounais de l’étranger. Les organisations ont pris l’engagement de se tenir aux cotés du peuple camerounais pour obtenir en 2004 la fin du régime Biya. Elles ont convenu de la prochaine étape de cette caravane qui aura lieu à Paris les 14 et 15 février 2004.

Cameroun - France : Brice Nitcheu écrit à Nicolas Sarkozy

Au moment où le chef de l’Etat camerounais s’apprête à rencontrer son homologue français à Paris. Le leader d’un mouvement d’opposants camerounais de la diaspora attire l’attention sur le risque de la modification de la constitution que préparerait Paul Biya.
Le jeune divorcé Nicolas Sarkozy, de retour de son péril nord africain, recevra Paul Biya à l’Elysée cette semaine. Le Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora (CODE) agite dans une correspondance dont nous avons obtenu copie, une sonnette d’alarme pour sauver le Cameroun.
Le mouvement incite Sarkozy à mettre en place, avec le Cameroun, la rupture qu’il avait prôné tambours battants lors de sa campagne électorale. En procédant ainsi, la France pourra sauver ‘’la situation sociopolitique camerounaise’’.
Dans la correspondance du 21 octobre, Brice Nitcheu décrit Paul Biya comme ‘’le leader éternel…au pouvoir depuis 1982 à la suite d’une chirurgie constitutionnelle savamment orchestrée par son prédécesseur, soit plus de 25 ans aujourd’hui’’.
Selon le leader du CODE le régime de Yaoundé a bâti sa réputation sur ‘’la mort de milliers de Camerounais et l’emprisonnement de bien d’autres’’. Le gouvernement réprime ‘’dans le sang tous les citoyens qui osaient en faire la pratique (de la démocratie ndlr) par la création de partis politiques’’ malgré son engagement pour la démocratisation fait à François Mitterrand à la Baule au début des années 90.
L’activiste des droits de l’homme présente le bilan ‘’socioéconomique d’un régime restant au pouvoir pour le pouvoir et non pour assurer la prospérité du Cameroun’’ comme un désastre historique. Il cite en référence les rapports de l’ONG allemande Transparancy International qui classent le Cameroun parmi les ‘’quatre premiers pays les plus corrompus au monde’’ depuis une décennie.
Sur le plan social, le leader londonien rappel le chômage massif des jeunes diplômés, la paupérisation d’une population camerounaise qui vit dans un océan de misère depuis un quart de siècle. Tout cela découlant de ‘’la mauvaise gouvernance (qui) règne en maître aux hautes sphères de l’Etat’’. ‘’De nombreux Camerounais vivent en exil pour avoir manifesté dans des universités desquelles ils ont été simplement et purement exclus à vie’’ rappelle Nitcheu.
‘’Biya vous écoute, dites lui que…’’
Le CODE propose plusieurs pistes de solution au sombre tableau décrit ci-dessus. Sarkozy est ‘’Un homme d’action, de franchise et de conviction ‘’ selon les termes du CODE. C’est ainsi que le mouvement exhorte le président français ‘’à soutenir les demandes sociales actuelles du peuple camerounais’’. ‘’La menace de guerre civile qui plane si monsieur Biya modifie la Constitution pour s’éterniser au pouvoir après 2011’’ est la plus grave dixit Nitcheu.
‘’Nous savons que Paul Biya vous écoute, mieux que n’importe quel autre chef d’Etat au monde. Au moment de votre rencontre, Mr le Président de la République, dites-lui avec la franchise qu’on vous connaît, que les Camerounais ne veulent plus de lui, et qu’il doit préparer une sortie de scène honorable’’ a-t-il conclu.

Interwieuw de Basseck Ba K.

Bassek ba Kobhio: "Paul Biya doit songer à partir"


Le Quotidien Mutations/VENDREDI, 26 AOûT , 2005 - 06:14 Dans un entretien, le cinéaste parle des hommes politiques et des intellectuels camerounais. Entretien mené par Mbanga-Kack
L’artiste est un politique en dissidence
Peut-on encore avoir la prétention de présenter Bassek ba Khobio ? Les plus jeunes n’ont vu, au cours de ces dix dernières années, le promoteur des Films terre africaine et, surtout, du festival des Ecrans noirs dont il prépare fébrilement la 10e éditionn l’an prochain.
Mais quelques anciens se souviendront de l’étudiant engagé qui enflammait les campus pendant une période difficile au plan des libertés individuelles, qui fit quelques tours à la prison politique, qui fut enseignant de lycée pendant quelques années avant de faire quelques piges au ministère de la Culture. Jusqu’au moment où il décida de se lancer dans les métiers du cinéma, avec le succès que l’on sait.
Bassek ba Kobhio a toujours été une " grande gueule ", polémiste à souhait, n’ayant jamais peur de provoquer. Est-il pour autant un homme politique ? " B.B.K:Tout ce que je fais, tous les actes que je pose ont toujours été essentiellement politiques, dit-il avec force. Ils visent à contribuer au changement de la cité, à la promotion des habitants de cette cité. Ils ne visent pas à faire de moi un gestionnaire de la cité, j’en conviens et je l’assume : la place d’un artiste, de quelqu’un qui prétend au statut d’intellectuel, est du côté de la réflexion, de l’invention, du côté des idées, pas de la gestion. Venant d’une famille modeste et père d’un enfant à 22 ans, j’ai dû au sortir de l’université de Yaoundé travailler quelques années dans l’administration. Je savais le jour que j’y entrais qu’il me faudrait en sortir le plus vite possible, si je voulais redevenir libre. Vouloir faire reculer la bêtise est un état d’esprit politique très fort, très engageant, avec parfois l’impression de donner des coups d’épée dans l’eau.” Une indication claire sur le ton des échanges qui suivent.
Quel regard portez-vous sur la scène politique camerounaise ? B.B.K:Un regard déçu, par rapport à ce qu’on aurait pu attendre des hommes politiques dans un pays qui est l’un des rares d’Afrique noire à avoir acquis son indépendance par la lutte armée, qui a eu pendant deux à trois décennies l’un des meilleurs systèmes scolaires et l’une des meilleures universités d’Afrique. Notre démocratie s’affirme trop lentement, et ce n’est pas que le fait du pouvoir. Nous avons connu, depuis le début des années 90, une opposition truffée d’opportunistes ou de gens dont c’était le seul moyen de se signaler. Ça ne donne pas une scène politique saine et dynamique. Mais en définitive nous en sommes tous responsables : un peuple a les dirigeants et la classe politique qu’il mérite.
Pouvez-vous réagir à l’évocation de chacun de ces noms : Dakollé Daissala... B.B.K:Un privilégié qui a su rallier à sa cause des exploités de toujours. Son statut a changé en mieux, mais eux demeurent parmi les damnés du Cameroun.
Adamou Ndam Njoya... B.B.K:Un honnête homme, trop croyant, et à qui il manque cette dose de démagogie hélas nécessaire à l’homme politique.
Henri Hogbe Nlend... B.B.K:Il ne connaît pas le pays profond, et il a aussi répondu aux sirènes de l’opportunisme. Je n’ai jamais compris son alliance de 1992 avec l’Undp qui se réclamait être le prolongement de l’Unc d’Ahidjo. Um Nyobe a dû se retourner là où il est.
A. F. Kodock... B.B.K:Comme Hogbe, il assassine chaque jour un peu plus le Mpodol, mais, lui, connaît très bien ce pays et ses dirigeants, et c’est une bête politique sans foi ni loi, l’essentiel étant pour lui de s’en sortir, quitte à s’en sortir seul.
Paul Biya... B.B.K:Un homme bourré de chance et qui, malheureusement pour nous, depuis son retour au Cameroun après ses études, n’a jamais su ce que vaut le prix du taxi, le carburant ou le beignet-haricot, puisqu’il a démarré par un poste élevé dans l’administration. Nommé ou coopté depuis la sortie de l’université, il est devenu président de la République sans avoir jamais connu de compétition électorale, sans avoir jamais connu le risque que court un préparateur de putsch, en feignant l’inoffensif, jusqu’à tromper le rusé Ahidjo qui s’est gourré royalement sur son compte. Plus enrobé de chance, je connais pas. Mais du coup, l’opinion du peuple, il n’en a cure, parce que c’est pas par sa volonté qu’il est là. La seule fois d’ailleurs où il y a eu réelle élection, en 1992, il a touché à la réalité de cette opinion. Seule semble compter pour lui une paix de surface qui préserve son pouvoir, et ça, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas réussi. Si la politique était l’art de durer, sur ce plan-là il y a réussi.
Bello Bouba Maigari... B.B.K:La démocratie n’est pas une cour royale, encore moins une dynastie ethnico-politique. Il semble avoir été formé pour régner, pas pour diriger un mouvement politique en démocratie. Sa plus grave erreur politique est de n’avoir pas laissé Samuel Eboua diriger l’Undp initiale. Conséquence : moins de 20 ans après le début de son mouvement, il ne représente plus rien, ni à l’assemblée, ni au gouvernement où il est esseulé. Les Kodock et consorts ont réussi à faire de l’Upc un parti tribal, lui a réussi à conforter la perception d’une Undp «nordiste» et musulmane.
Anicet Ekanè... B.B.K:Il comprend mieux le pays avec le temps qui passe, mais il a encore trop dans la tête des schémas étrangers de l’action politique. Le Cameroun, ce n’est pas un mai 68 français permanent. Il ne suffit pas que de pousser pour que le château de sable s’effondre. Il a pour moi une grande qualité : il s’intéresse à l’art et aux artistes. Sur ce plan, c’est le Grégoire Owona de l’opposition.
Moukoko Priso... B.B.K:Son discours n’aura aucune prise sur les Camerounais. La politique, c’est aussi l’art de savoir se hisser ou s’abaisser au niveau de votre public cible.
John Fru Ndi... B.B.K:Un des rares hommes politiques camerounais, après Ruben Um Nyobe ou Ernest Ouandié , qui ait fait rêver les Camerounais. Mais cela a duré l’espace d’un court matin. Sa formation générale et politique est apparue par la suite trop limitée. Il n’est pas jusqu’à ses fervents défenseurs d’alors qui se demandent où nous en serions aujourd’hui s’il avait gagné.
Quelle réflexion vous inspire cette déclaration d’Achille Mbembé: «l’Upc doit mourir pour renaître» ? B.B.K:D’abord je veux être clair. Je n’ai jamais été upéciste, en dehors du fait que tout Camerounais patriote a quelque chose d’upéciste en lui. L’amalgame est toujours vite fait, dès qu’on est bassa’a et libre d’esprit, d’être enrégimenté dans l’Upc. Mais je ne peux pas appartenir à un parti, j’abhorre trop la discipline de groupe pour le faire. Il demeure que si j’avais été là avant l’indépendance, j’aurais été upéciste. Etre upéciste, ça ne voulait pas dire alors appartenir à un parti, ça voulait dire être pour la liberté, face aux colons et aux collabos. Pour revenir à votre question, je dirais que l’esprit fondateur de l’Upc ne cessera jamais d’animer les nationalistes camerounais. Mais l’Upc en tant que grand parti, c’est fini. Les opportunistes et les dogmatiques l’ont sabordé. Il faut savoir refermer des portes et enterrer les morts. S’accrocher au sigle désormais galvaudé, c’est peut-être contribuer davantage à assassiner l’Upc. L’Upc clandestine, combattue, constituait une raison d’espérer, espérer quoi ? Peu importe, à partir du moment où on pouvait espérer un autre futur, un peu comme les juifs attendent le Messie, que les chrétiens espèrent son retour, parce que les peuples ont besoin de mythes.
Quel bilan tirez-vous de la gestion économique du Cameroun ? B.B.K:Nous avons été un pays autosuffisant. Nous entendions parler du Fmi comme d’un ogre lointain. Nous avions juré de ne jamais passer sous ses fourches caudines. Nous y sommes depuis et en plein, sans pouvoir entrevoir le bout du tunnel. Nous sommes passés d’une colonisation directe d’avant indépendance à une néocolonisation après, et nous sommes aujourd’hui sous tutelle du Fmi et de la Banque mondiale. Ce n’est guère plus enviable.
L’ajustement structurel recommandé par le Fmi et la Banque mondiale, peut-il sortir le Cameroun de la pauvreté? B.B.K:Non. Définitivement non. Il fait simplement de nous des acheteurs fiables et disciplinés, un peu comme un usurier souhaite que son débiteur ne soit pas ruiné mais demeure en dessous du seuil de l’émancipation .
D’aucuns estiment qu’après 23 ans de règne, Biya reste le moindre mal et appellent à une révision de la Constitution pour le maintenir au pouvoir après 2011... B.B.K:On ne peut pas être un président performant sur 25 ans. Les grandes nations modernes l’ont compris, d’où la disparition progressive des rois et des empereurs. Ceux qui veulent cette éternité au pouvoir ne veulent pas du bien à Biya et pensent à eux-mêmes et à leurs privilèges, ou alors font du bruit pour ne pas être reprochés de n’en avoir pas fait. Si Paul Biya veut se donner une chance d’être inscrit sur la tablette réduite des grands hommes d’Etat, il lui faudra songer à partir mais en organisant, et son départ et son après. Voyez comment les Camerounais ont oublié tous les méfaits de la dictature d’Ahidjo, l’homme des camps de concentration de Yoko ou de Tcholliré ou de la Bmm de Yaoundé, simplement parce qu’il a su gérer son départ, au moins dans les premiers temps ? Ceux qui disent le contraire à Biya sont exactement de la même trempe que ceux qui ont conseillé à Ahidjo de revenir en 1984, au risque réussi de ternir son beau geste du 6 novembre 1982 et de finir enseveli en terre étrangère.
Dans les conditions actuelles, avec les lois actuelles et les mentalités de l’administration, l’alternance politique, par la voix des urnes, est-elle possible ? B.B.K:Non. On gagne des élections contre un ou plusieurs adversaires. Pas contre des urnes.
Une certaine opinion pense que le mal du Cameroun provient de l’Occident... B.B.K:Non. Chaque peuple est comptable de ses victoires et de ses turpitudes. Il y a eu un moment pour les récriminations de l’homme noir, il y a longtemps que nous devrions en être au stade de l’auto flagellation. Nous sommes comptables de tous nos malheurs, comptables même des classes politiques que nous choisissons ou laissons nous gouverner.
Comment entrevoyez-vous l’après-Biya? B.B.K:Personne n’imaginait qu’Ahidjo aurait ce sursaut de patriotisme en choisissant de se faire remplacer pacifiquement par Paul Biya. Pourquoi Biya, plus formé que son prédécesseur à l’histoire des rois et des gouvernants étant donné les études qu’il a faites, ne nous surprendrait pas agréablement? Si Biya s’occupe de manière patriotique de sa succession, alors on peut être modérément optimiste, parce que connaissant le Cameroun politique d’aujourd’hui, avec des acteurs prêts à tout brûler plus par intérêt personnel que par conviction, on ne peut être sûr de rien. Par contre, si Biya ne s’occupe pas de son vivant de sa succession, même dans son propre camp, c’est le cataclysme annoncé. Il y a au Cameroun cent fois plus de raisons que ça explose qu’il n’y en avait en Côte d’Ivoire. Savez-vous d’où vient la crise ivoirienne ? Du fait qu’un président, fût-il gérant de l’indépendance, ait cru qu’il était immortel, ait en plus laissé à côté d’une constitution d’ailleurs claire une réalité floue. Bédié et Ouattara étaient du même bord, mais le flottement de quelques jours à la tête de l’Etat, dû au conflit larvé du successeur constitutionnel face au gérant effectif de la réalité du pouvoir dans les derniers temps de Houphouët, c’est là le vrai fondement de la crise ivoirienne. Le reste, c’est des extravagances d’un limon boueux. Il faut le dire et le redire pour encourager les gouvernants à gérer leur après. J’ai peur à l’après-Biya, sauf si, comme je l’ai dit… Je crois même que la manière dont Biya choisira de partir du pouvoir et ce qu’il aura pris comme dispositions pour une succession pacifique scellera définitivement son destin historique.
Des voix nostalgiques en arrivent à regretter «l’époque Ahidjo». A considérer le seul plan de la liberté d’expression, pouvez-vous regrettez ce passé? B.B.K:Pour des simples pièces de théâtre, pour des simples articles, pour de revendications estudiantines fondées, pour des lectures particulières, pour des commentaires personnels sur la gestion du pouvoir, j’ai connu encore élève ou étudiant les portes 221 et 222 de la tour de la délégation à la sûreté, j’ai connu l’ascenseur lugubre du Cener, j’ai humé la vie animale de la BMM, alors ne comptez pas sur moi pour regretter l’époque Ahidjo. Sous Biya j’ai quand même écrit «La fin du maquis» ou «les eaux qui débordent» sans être convoqué. Ça ne veut cependant pas dire que l’âge d’or de la liberté était arrivé.
Vous parliez de revendication estudiantine, vos camarades d’université se souviennent précisément du leader estudiantin. B.B.K:C’est moi qui ai dirigé la grève qui en 1979 a annulé pour les facultés de lettre la licence à bac + 4 et qui a ramené la licence en droit de bac + 4 à bac + 3. Ce furent des moments intenses. A l’époque déjà, la coïncidence de l’attaque de l’armée Upc à Djoum avec enlèvement du sous préfet, avait amené certains flics à penser que j’étais un point essentiel du Manidem.
Vous vous en êtes sorti? B.B.K:J’ai dû avoir la chance qu’ils se rendent compte qu’il n’en était rien. «Au cœur d’une œuvre», une émission de critique littéraire animée avec Gerba Mallam, vous a révélé au public dans les années 80. Qu’est-ce qui vous guidait dans le choix des œuvres ? B.B.K:La dimension politique. La dimension littéraire certes un peu aussi, mais surtout je recherchais des œuvres qui donnassent prétexte à commentaire socio-politique.
Rétrospectivement, et quand vous revoyez le contexte politique de l’époque, quelle appréciation portez-vous sur cette émission? B.B.K:Le plaisir d’avoir pu contourner la censure m’excite encore. Nous avons connu des censures, des suspensions de l’émission, mais nous revenions chaque fois sous une autre dénomination, et j’étais en face de l’un des trois ou cinq meilleurs journalistes camerounais de tous les temps, ce qui était davantage motivant.
La littérature n’était-elle pas un prétexte pour faire une incursion dans le champ politique? B.B.K:Si, bien évidemment, comme je vous l’ai dit, comme pour tout ce que je fais : la littérature, le cinéma, c’est pour intervenir en indépendant sur le champ du politique. Simplement là, je suis mon seul chef de parti, je suis mon seul militant, même si j’espère des lecteurs, des auditeurs et des spectateurs qui me suivent. Je n’ai pas le sens de la discipline pour être membre d’un parti, je n’ai pas le sens de la compromission et même du compromis pour diriger un parti. Quand on est membre ou dirigeant d’un parti, quand on veut gérer la cité, il faut avoir choisi de se salir les mains, de les plonger dans la merde et dans le sang pour reprendre un personnage de Sartre. C’est pourquoi l’anarchie est la seule pratique positive de l’artiste ou de l’intellectuel qui veut le demeurer.
L’anarchie? Tout casser, tout briser? B.B.K:L’anarchie, comme toutes les pratiques et toutes les idéologies, évolue avec son époque. L’anarchie aujourd’hui, c’est le refus d’être enrégimenté dans une discipline de groupe, c’est le droit permanent de dire non, c’est le culte de la critique continue, c’est le summum de la liberté en somme.
D’après l’homme de la rue, on a assisté à une éclosion de la parole avec le Renouveau. Comment expliquer cette baisse de ton alors qu’on se serait attendu à voir les gens affirmer des convictions plus fortes? B.B.K:Je crois qu’il s’agit là d’une question de contexte et de perception. Quand on regarde aujourd’hui ce pour quoi on était convoqué à la police sous Ahidjo, on en rit. De même, avec le temps, ce qui était considéré courageux en 1985 est devenu commun aujourd’hui. Pouvait-on caricaturer Biya à l’époque comme le font nos humoristes ? Hésitez-vous le moins du monde à me poser n’importe quelle question ? Pouvait-on lire dans la presse qui en était à ses balbutiements ce qu’on y voit aujourd’hui ? Simplement, la résonance de ces temps-là a changé, l’air est plus grand et l’écho moins évident. Et puis il faut quand même évoquer la question du défaitisme qui gagne facilement les peuples. En 1990, on donnait à Biya cent jours pour tomber. Quinze ans après, il est toujours là, de quoi tempérer des ardeurs, d’autant qu’entre temps, beaucoup de ceux qui poussaient à la révolte de la rue se sont rangés au sein du pouvoir avant, pour certains, d’en être éjectés ; que d’autres ont donné les marques de leurs propres limites démocratiques, et que d’autres encore se sont réfugiés dans ces organisations internationales qui gèrent notre colonisation indirecte, pour reprendre vos termes. Peut-on être nationaliste en 2005 et travailler à la Banque mondiale ou au Fmi?
En 1986, vous disiez dénombrer à peine 11 intellectuels au Cameroun. Pour la jeune génération, pouvez-vous nous rappeler les critères et quelques noms? B.B.K:En 1986, il était plus évident peut-être de repérer les intellectuels parce que la situation générale était davantage à la limitation des libertés, là où l’intellectuel doit proclamer sa différence, au point que les voix intelligemment dissonantes étaient faciles à détecter. Dans ma définition de l’intellectuel, il y a le minimum d’avoir un projet de société. Quelle que soit la discipline qui vous permet de prendre la parole, il y a que ce projet soit particulier, il y a que vous viviez vous-même de manière à appeler cette société, et il y a que les autres sachent quel est votre projet. C’est pourquoi il n’est pas d’intellectuel sans engagement, sans dissidence. Il n’est pas d’intellectuel sans création et sans publication, directement ou indirectement. Il n’est pas d’intellectuel sans action et sans exigence minimale de probité. A la fin des années 70 et au début des années 80, des personnalités comme Marcien Towa, Jean Marc Ela, Engelbert Mveng, Eboussi Boulaga, Mongo Béti, méritaient le noble nom d’intellectuel. Puis avec l’avènement de ce que l’on a appelé la démocratie, le multipartisme, des instincts tribaux ou purement opératoires pour des visées opportunistes ont davantage clarifié des positions. Si des gens comme Jean Marc Ela ou Englebert Mveng ou Eboussi le sont demeurés, on ne peut pas le dire de tous les onze noms que j’identifiais au départ. Vous voyez que je ne parle pas de Njoh Mouelle, ou Joseph Owona, ou Fame Ndongo, alors qu’ils ont publié, qu’ils ont même été assez prolifiques. C’est qu’on peut tout au plus être scribe, pour reprendre un titre de livre de Fame Ndongo, on ne peut pas assumer son devoir de dissidence en servant le prince en même temps.
Que diriez-vous de Mono Ndjana qui a quitté le Rdpc? B.B.K:Mono Ndjana n’a pas quitté le Rdpc, c’est le Rdpc qui l’a mis sur la touche. On ne devient pas intellectuel par rancœur, par esprit de revanche, on l’est par conviction. Je vous rappelle qu’en 1987 ou 88, avec quelques autres dont David Ndachi Tagne et Mono Ndjana, nous donnons une table ronde à l’université de Yaoundé. Le lendemain, la police tombe sur nous tous. C’est Mono Ndjana, mis en minorité au cours du débat, alors qu’il défendait ses opinions comme nous défendions les nôtres, qui est passé au rapport. Depuis, il m’est inconcevable que Mono Ndjana puisse se prévaloir de la moindre qualité d’intellectuel. On ne peut pas, battu sur le plan des idées, se transformer en flic et se présenter à nouveau pour débattre des idées. La révolution russe de Lénine s’est stalinisée du fait de personnages comme lui.
Un constat : c’est de l’étranger que la plupart des voix dissidentes s’expriment sous le Renouveau : Célestin Monga, Achille Mbembe, Jean Marc Ela… B.B.K:Ne les mettez pas tous dans le même sac. Jean Marc Ela a été contraint à l’exil. Achille Mbembe s’y était retrouvé malgré lui, et a choisi d’y demeurer. Celestin Monga est parti pour la Banque mondiale, ça n’a rien à voir avec l’exil de Jean Marc Ela que je vois chaque fois à Montréal avec douleur. Et puis, les choses ont évolué depuis, et la résonance d’un discours intellectuel africain n’a plus besoin de partir uniquement de Paris. La présence au Cameroun est devenu un devoir de l’intellectuel lorsqu’il le peut. On change une société en y vivant et en vivant ses réalités. Ce que j’ai considéré comme un handicap pour Biya, à savoir de n’avoir pas vécu la souffrance commune du Camerounais à son retour des études, est valable pour tout Camerounais qui ne connaît pas les coupures d’électricité et d’eau, les tribulations d’un cortège funèbre en région babimbi au mois d’août. Je crois en définitive qu‘il en va de l’efficacité même du discours de l’intellectuel, de plonger ses racines dans les réalités quotidiennes du peuple auquel il s’adresse et pour lequel il parle. Les restrictions de liberté, elles peuvent exister, mais parce qu’on est à l’intérieur, elles se retrouvent agrandies par la justesse et l’acuité du propos circonstancié.
Comment comprendre alors «l’appel des intellectuels» qui, en 2004, se sont alignés derrière Biya pour la présidentielle d’octobre? B.B.K:J’ai une toute autre définition de l’intellectuel.
Vous-même, on a l’impression que vous vous cachez pour affirmer désormais vos convictions marxistes. On croit reconnaître vos traits derrière l’instituteur de Sango Malo… B.B.K:Je n’ai jamais caché mes convictions. J’ai toujours été anarchiste, teinté il est vrai d’un fort marxisme il y a quelques années. Quand j’ai fait mes premiers voyages en territoire communiste, j’ai fait la grande différence entre le marxisme et l’application du marxisme. Aucune idéologie ne vaut qu’on embrigade les gens pour le privilège de quelques détenteurs de «la vérité», qu’on laisse affamé un peuple par fierté, qu’on crée un goulag. Cuba et l’Urss, qui auraient dû être des exemples de nation réussie, ont montré les limites de la vérité unique et définitive. L’anarchie des débuts de la révolution russe ou de la prise de pouvoir des Castro et Che Guevara est ce qui a manqué le plus au communisme en action. Je nuance mes propos des vérités que m’assène le quotidien des peuples. Je ne renonce pas à mes convictions, je les affine. L’erreur de l’instituteur de Sango Malo est de n’avoir pas su que l’essentiel est de rechercher la vérité, pas d’être convaincu de la posséder.
Achille Mbembe a fait le choix de l’exil. Au nom de la parenté idéologique et de votre jeunesse commune, vous auriez dû le suivre… Pourquoi est-ce que j’aurais dû ? Il y a le Achille Mbembe du temps d’Ahidjo. S’il rentrait, il aurait été à coup sûr appréhendé parce que parler simplement de Um Nyobe était un crime. Et à ce moment-là, je lui ai conseillé de ne pas rentrer, et Jean Marc Ela et Titi Nwel et moi et quelques autres nous avons enterré son père. Par la suite, l’exil n’a plus été pour lui une obligation mais un vrai choix. Mais je vous l’ai dit, s’il ne faut pas opposer les exilés aux travailleurs de l’intérieur, il faut reconnaître qu’aujourd’hui ce qui manque c’est les insoumis de l’intérieur. Alors peut-être est-ce Achille qui doit songer, non pas forcément à revenir, mais à venir plus souvent. Mais il convient aussi de le dire, Achille et moi avons souvent été différents : à l’école, il était un grand croyant, militant des mouvements des jeunes catholiques, alors que je m’interrogeais déjà sur Dieu. Aujourd’hui, il a une notion très individualiste de la famille, je suis demeuré peut-être trop attaché à cette cellule à laquelle on appartient par la naissance. Simplement, ce qui nous a toujours lié, c’est la mystique du travail, le refus de la vérité définitive, le devoir de contestation de tout, l’anarchie en somme, même s’il n’acceptera pas ce terme, et même si nos convictions connaissent des lignes de démarcation souvent étanches. Mais malgré nos différences et peut-être aussi pour ça, je suis fier de l’avoir pour ami. C’est certainement la preuve que mon acceptation de la différence, mon ouverture au débat, ma quête inlassable de la vérité ne datent pas d’aujourd’hui.
En dehors des aléas politiques du genre «après-Biya heurté», êtes vous optimiste pour le Cameroun ? B.B.K:J’ai beau m’efforcer à l’être, il y a plein de facteurs qui incitent à l’inquiétude, le plus important d’entre eux étant que les adolescents qui grandissent ont fait de l’argent le but ultime de leur vie. Aucune république, aucune nation au monde ne s’est bâtie sur le socle de la feymania, alors que le rêve des jeunes aujourd’hui c’est la richesse par tous les moyens. Il n’y a plus ce rêve d’être Einstein ou Cheik Anta Diop. Ce n’est pas Chicago qui a fait l’Amérique, c’est Harvard et Hollywood. Ce n’est pas Marseille qui a fait la France, mais Descartes et le quartier latin.
Il faut repenser l’école pour donner à rêver de grands destins aux enfants, et s’il faut repenser l’Ecole, il faut repenser la politique et le politique, et ça ce ne sera pas le fait des politiques, ça ne se fera que sous la pression du peuple, qui lui-même n’agira que sous l’impulsion intellectuelle de penseurs libres, dissidents, en quête inlassable de vérité, et qui publient et diffusent à chaque étape de leur quête, leur vérité provisoire: des intellectuels. C’est le devoir de l’intellectuel, de l’écrivain, de l’artiste, de blâmer le présent et de penser l’avenir, car il est celui-là qui, comme me le disait Cheik Anta Diop un mois avant sa mort, a raison… vingt ans plus tard.
C’est pourquoi il ne peut qu’être en conflit permanent avec le pouvoir politique, arc bouté sur le présent. Vous voyez, on n’en sort jamais, de la politique. L’intellectuel, le créateur, l’artiste est, en dernière instance, un politique en dissidence, mais un politique forcément, s’il veut mériter de son peuple.

mardi 1 janvier 2008

LISTE DES 44 MILLIARDAIRES QUI ONT PILLES LE CAMEROUN

LISTE DES 44 MILLIARDAIRES QUI ONT PILLES LE CAMEROUN PENDANT QUE LE PRESIDENT BIYA DORMAIT TRANQUILLEMENT DANS SON VILLAGE A MVOMEKA

POLYCARPE ABAH ABAH
Actuel ministre des finances
2
A.SIYAM SIWE
INCACERE A DOUALA
3
ONDO NDONG
CONDAMNE A UNE PRISO N FERME DE 50 ANS
4
GERVAIS MENDO ZE
MINISTRE DELEGUE A LA COMMUNICATION
5
REMY ZE MEKA
Actuel ministre délégué à la défense
6
PIERRE DESIRE ENGO
Incacéré
7
EDOUAR AKAME MFOUMOU
Ex minefi
8
EDOUARD ETONDE EKOTTO
En examen
pour les détournements au port de Douala, dans l’ affaire Siyam siéwé
9
ATANGANA MEBARA
Ministre des affaires étrangères
10
MARAFA HAMIDOU
Ministre de l’AT
11
ZACHARIAS FORNJIDAM
Actuel directeur des chantiers navals
12
NJANKOUO LAMARE
Ex dg caisse autonome d’ amortissement
13
CHARLES METOUCK
Actuel dg de la sonara
14
PETER AKUMCHI AWA
Ex tpg de Douala, puis de Yaoundé et puis directeur du trésor. En retraite !
15
ETOUNDI OYONO
Actuel directeur du port d Douala
16
Ibrahim TALBA MALLA OUMATE
Ex dg caisse de stabilisation des produits pétroliers et PCA de la même boite.
17
ARISTIDE MARTIN OKOUDA
Ex ministre des travaux public
18
YVES MICHEL FOTSO
VICE PRESIDENT GROUPE FOTSO
19
JEAN BAPTISTE BOKAM
Actuel secrétaire d’état à la défense
20
URBAIN OLANGENA AWONO
Ministre de la santé
21
IYA MOHAMED
Dg sodecoton et président de la fecafoot
22
JOSEPH EDOU
Incarcéré
23
GILLES ROGER BELINGA
Incarcéré
24
LOUIS PAUL MOTAZE
Actuel dg Cnps
25
MEVA’E MEBOUTOU
Ex minefi
26
ROGER MELINGUI
Ex dg onpc et ministre du budget
27
PIERRE TITI
Dg du budget
28
SEYDOU MOUCHIPOU
incarcéré
29
GREGOIRE OWONA
Sga rdpc et ministre des relations avec les assemblées
30
PATRICIA ENAM
Ex daf Crtv
31
E MONGORI
Ex directeur communication Crtv
32
NYAMSI MONGUE
Controleur des régies financières
33
CHARLES TAWAMBA
Dg campost
34
Célestin TAWAMBA
Homme d’affaires, dg entreprise Pasta
35
LAURENT NKODO
Dg impots, ex responsable des impots au littoral
36
PAUL NGAMO HAMANI
Administrateur Camair
37
A MANGA MASSINA
Dg douanes
38
REBECCA NDEDI
Inspecteur des impôts
39
ALAIN E MEBE NGO’O
Dgsn
40
PIERRE NYODOG
Dg Tradex
41
LUCIEN MEVA’A
Secrétaire particulier minefi
42
JUSTIN NJOMATCHOUA
Secrétaire général minefi
43
CAROLINE MEVA’A
Cadre minefi
44
FOUMANE AKAME
Conseiller juridique Biya